En 1905, l’administrateur colonial Paul Gillotte est chargé par le gouverneur général de l’Algérie d’accompagner des pèlerins algériens jusqu’à Djeddah, le port de La Mecque. Dans le rapport qu’il rédige à cette occasion, l’administrateur consigne soigneusement tous les événements intervenus à bord, à l’aller comme au retour. Mais, bien plus qu’un simple journal, Gillotte nous a laissé un véritable reportage sur l’organisation du pèlerinage à La Mecque à l’époque ottomane. Il consulte la presse, les archives du consulat de France, interroge des témoins, rencontre des personnalités locales. Avec l’opiniâtreté d’un grand reporter, Gillotte entend jeter la lumière sur ce qu’il appelle les « dessous du pèlerinage » : spéculations sur le prix de l’eau, trafic de billets retours, corruption des autorités locales... Le portrait qu’il dresse de l’Empire ottoman finissant est sans concession et sa description très personnelle du pèlerinage à La Mecque révélatrice de la mentalité coloniale de l’époque. Pendant la traversée et lors de son séjour au Hedjaz, Gillotte a également pris un centaine de photographies – reproduites dans cet ouvrage – qui constituent un témoignage précieux sur l’histoire du pèlerinage à La Mecque et les circulations en Méditerranée et en mer Rouge au début du XXe siècle.