La guerre d’Algérie : une histoire apaisée ?Guerre d’Algérie ici, guerre de libération nationale là-bas, quelle que soit la manière dont on le nomme, ce conflit a été, dès son origine, l’objet d’interprétations divergentes. Des hommes politiques construisaient la guerre par les mots quand d’autres la niaient. Les sociétés algérienne et française ont hérité de ces affrontements. Depuis 1962, les historiens ont dû travailler au milieu des affects, des tensions et des désirs contradictoires exprimés à l’égard de ce passé complexe et sensible.L’analyse des cinquante années écoulées depuis le déclenchement de l’insurrection fait également ressortir le poids du politique sur les conditions d’écriture de l’histoire, qu’il s’agisse de contrôler le récit sur le passé, de le surveiller, de l’interdire mais aussi de l’encourager ou de le faciliter. Ainsi, l’accès aux archives demeure, encore aujourd’hui, une question cruciale de part et d’autre de la Méditerranée. L’étude de l’historiographie française et étrangère révèle pourtant que la recherche avance. Mais un constat s’impose aussi : les voies pour une histoire sereine de la guerre ne se dégagent que lentement. Raphaëlle BrancheMaîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Panthéon-Sorbonne-Paris-I.